Conférence

Sculptures de verre, expérimenter la matérialité via le trouble sensoriel

Dans le cadre de l’année du verre proclamée en 2022 par l’Organisation des Nations Unies, l’Université d’Orléans a invité en résidence d’artiste la plasticienne Estelle CALA et le musicien Charles-Zoltan de LEISSEGUES à créer et partager leur recherche.

Au cours de cette année de résidence, ils proposent une circulation au fil des mutations de la matière verrière, dans les dimensions scientifiques, plastiques et esthétiques mais aussi la symbolique de cette « matière de l’entre-deux ». Les propriétés sonores et visuelles du verre, « de sa surface haptique à son cœur translucide », sont exploitées par des technologies du numériques à des fins artistiques : au travers de modelage de lumière, de projection du son, de performances au-delà du miroir, d’installations labyrinthiques qui invitent à un voyage en plusieurs volets dont deux réalisations vous seront ici présentées :

  • La Chimère, conçue et mise en forme dans un dispositif participatif à l’échelle régionale, une créature en verre morcelée et dispersée aux quatre coins de l'université d’Orléans, dont les morceaux ont été réalisés séparément dans différents ateliers.
  • Le Cénophage, un caisson funéraire à ciel ouvert contenant plusieurs plaques de verre gravé d’un motif labyrinthique qui fait aussi écho aux brisures du verre impacté.

Ces œuvres qui troublent nos sens, seront analysées sous le prisme des perturbations visuelles, auditives et tactiles. Sur le plan visuel, la surface du verre est mise à profit, sous la lumière des lasers et de la vidéo-projection. Sur le plan auditif, il s’agit de parcourir les paysages sonores proposés, construits par la synthèse granulaire des sons du verre fragmentés. Pour nous permettre de comprendre plus intimement la matérialité de ces œuvres, la perception haptique (du grec ἅπτομαι [haptomai] qui signifie « je touche ») nous mène là où le regard peut nous faire éprouver des sensations tactiles, voire au-delà. Dans une profondeur liée à la transparence de la sculpture en verre, « le toucher s’arrête et que la lumière passe ».

Photographie Niko Magnus

  


  
Photo de Une : Estelle CALA / Charles-Zoltan de LEISSEGUES