Malaria : une maladie qui a changé le cours de l’Histoire
La malaria, ou paludisme, est une des maladies infectieuses responsable du plus grand nombre de mort au monde. Elle est transmise à l’homme lors du repas sanguin d’un moustique femelle du genre Anopheles infecté par un parasite du genre Plasmodium. La malaria est ancienne mais présente des enjeux contemporains cruciaux, notamment en Afrique subsaharienne où environ 600,000 personnes (principalement des enfants) décèdent chaque année. Durant la première moitié du XXème siècle, elle sévissait encore fortement en Amérique du Nord et en Europe. Son empreinte a changé le cours de l’histoire, touchant aussi bien les foules que des personnages illustres. Le paludisme est crédité de la mort de leadeurs, rois ou empereurs (Toutânkhamon, Alexandre le Grand, Genghis Khan, Philippe II, Édouard IV d'Angleterre), de papes (Jean XV, Grégoire V, Damase II, Léon X et Urbain VII) ou encore d’artistes (Dante, Caravaggio, Lord Byron).
Des manuscrits anciens mentionnent des fièvres périodiques et d’autres symptômes (frissons, transpiration, maux de tête) caractéristiques de la malaria, comme dans le Nei Jing (ouvrage de médecine chinoise traditionnelle, vers 2700 av. J.-C.) et dans des textes d’Hippocrate (460-370 av. J.-C.). Le philosophe et médecin grec, considéré comme "le père de la médecine", a aussi décrit diverses fièvres paludéennes, mais à cette époque la fièvre était considérée comme une maladie à part entière et non comme un symptôme. Une analyse rétrospective des descriptions faites par les médecins de l’époque, notamment sur la rythmicité des accès de fièvre, a permis de caractériser les cas correspondants au paludisme. Hippocrate, puis Galien, ont également alerté sur l’existence d’un lien entre la maladie et la présence d’eau stagnante des marais. Galien a contribué à l’origine de la théorie miasmatique, attribuant aux "miasmes" des marais (le "mauvais air") la responsabilité de la propagation de la maladie.
En 1880, le médecin militaire français Alphonse Laveran découvre que la maladie est causée par un hématozoaire et en 1897 le médecin anglais Ronald Ross démontre que ce parasite est transmis par des moustiques infectés. Ces découvertes significatives dans la compréhension du paludisme et de ses causes ont permis des avancées considérables. Avant cela, vers 1832, un autre médecin de l’armée française posté en Algérie, François Clément Maillot, perfectionne un traitement avec du sulfate de quinine, un composé actif issu de l’écorce de quinquina isolé par les pharmaciens français Pelletier et Caventou en 1820. La quinine a permis de faire chuter de manière spectaculaire la mortalité. Au XXème siècle, d’autres découvertes ont aussi contribué à des avancées significatives pour lutter contre le paludisme. Les propriétés insecticides du DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) sont montrés par Paul Müller en 1939 et le DDT est rapidement devenu l'insecticide chimique le plus couramment utilisé pour lutter contre divers vecteurs de maladies (paludisme, mais aussi typhus et peste bubonique). En 1972, une chercheuse en pharmacie chinoise, Tu Youyou, et son équipe isolent l’artemisinine, un médicament antipaludique sur lequel reposa de nombreux espoirs. Cependant, en réponses aux traitements, les parasites et les moustiques évoluent rapidement et conduisent à l’émergence de souches résistantes à la quinine puis à l’artemisinine. En absence de vaccin efficace, la recherche actuelle et des études scientifiques variées sont plus que jamais nécessaires. Cependant, une solide volonté politique et le développement de l’aide internationale demeurent essentiels pour faire tourner la roue de l’histoire.
De 18:30 à 19:30