Emeutes de 2005 : une vague de violence contagieuse révélée par la modélisation
Les émeutes de 2005 en France ont commencé dans une banlieue pauvre de Paris, suite au décès de deux adolescents cherchant à éviter un contrôle de police. Elles se sont ensuite répandues en région parisienne puis dans toute la France, et se sont étalées sur environ trois semaines, ce qui en fait les émeutes de l’ère contemporaine les plus importantes du monde occidental. Remarquablement, bien qu'il n'y ait pas eu de déplacements d'émeutiers, l'activité des émeutes a voyagé.
Une collaboration pluridisciplinaire impliquant sociologues, informaticiens, physiciens, mathématiciens, a permis d’apporter un regard nouveau sur la propagation de ces émeutes, grâce à l’accès aux comptes rendus quotidiens de la police nationale sur cette période. L’analyse de ces données montre que, pour chaque commune touchée par les émeutes, l’intensité de l’émeute suit une évolution similaire, avec, à partir du premier jour d’émeute dans cette commune, une croissance rapide, le passage par un maximum, puis un retour au calme progressif, l’ensemble sur une durée de seulement quelques jours. De plus, l’ordre dans lequel les villes sont touchées apparait ne pas être arbitraire. De fait, nous avons montré qu’un modèle mathématique, similaire à ceux qui décrivent la propagation d’une épidémie, représente quantitativement la dynamique de ces émeutes sur l’ensemble du territoire, reproduisant à la fois la contagion de ville à ville et la dynamique dans chaque ville.
La modélisation permet aussi de donner une caractérisation mathématique précise à l'expression «vague d'émeutes», et fournit une visualisation de la propagation autour de Paris, en présentant d'une manière non décrite auparavant l'onde qui s’est propagée sur un tissu dense de quartiers pauvres en région parisienne. L'accord remarquable entre le modèle et les données démontre que la proximité géographique a joué un rôle majeur dans la propagation, même si l'information était facilement accessible simultanément partout grâce aux médias.
De 18:30 à 19:30