Jussie et Renouée, des plantes invasives pour lutter contre les arthropodes
Publié par Emiliane Taillebois, le 26 novembre 2024 20
APR-IR ESSENTIEL "Jussie et Renouée : vers une valorisation des plantes invasives en région" Des plantes pour lutter contre les arthropodes nuisibles ?
Le contexte : faire de 2 problèmes, 1 solution !
La région Centre-Val de Loire est une grande région agricole et forestière, avec un patrimoine naturel riche composé d'habitats et d'espèces dont la diversité est souvent menacée. Depuis plusieurs années, la flore en région est envahie par des plantes invasives exotiques telles que la Jussie et la Renouée du japon, qui profitent de conditions climatiques favorables. Leur élimination passe actuellement par "arracher, curer et traiter" les cours d'eau envahis, avec un coût économique important. A l’échelle nationale le coût économique des plantes invasives est estimé à 19 millions €/an, la gestion de la jussie et de la renouée étant estimé à 1,7 millions d’€/an [rapport ministériel de 2016]. D’autre part, il est établi que l’utilisation de pesticides chimiques de synthèse induit une pollution de l’environnement, des effets néfastes sur des espèces non cibles ainsi que le développement de résistance chez les arthropodes ciblés. Il est donc indispensable de développer des méthodes de lutte alternative, plus respectueuses de l’environnement et de la biodiversité.
Dans ce contexte, le projet ESSENTIEL ambitionne d’explorer des nouvelles voies permettant une valorisation des résidus d'éradication des plantes invasives comme source de bio-pesticides.
Un consortium multidisciplinaire en région pour une approche intégrée et innovante
Le consortium impliqué dans le projet inclus 3 partenaires académiques (laboratoires ICOA, P2E de l’université d’Orléans et VALLOREM de l’université de Tours) et 5 partenaires non-académiques (ADAPIC, Botanicosm’ethic, CDHR, Centre Sciences, FNAMS). La complémentarité des compétences a permis la mise en place d’une approche intégrée. L'objectif du projet ESSENTIEL est d'évaluer les quantités et la nature des extraits nécessaires pour avoir une activité bio-pesticides contre les arthropodes nuisibles (pucerons, blatte, moustique, tique, varroa) tout en assurant l'innocuité pour les pollinisateurs (abeille) et auxiliaires de culture (coccinelle).
Des résultats prometteurs pour répondre à un objectif ambitieux
L’optimisation des conditions et méthodes d’extraction ont permis d’obtenir 16 extraits qui ont pu être testés en laboratoire. Les tests in vivo ont principalement été effectué sur le puceron du pois Acyrthosiphon pisum, comme modèle de ravageur de cultures. Ces tests ont permis d’identifier 6 extraits avec une efficacité répulsive et 2 autres avec une efficacité insecticide. En parallèle, un protocole d’évaluation a été validé sur l’abeille Apis mellifera, afin de déterminer les effets toxiques et sub-létaux (perturbation des capacités d’apprentissage et de mémorisation après exposition à des doses non toxiques). Les tests en champ et sous serres, ont été menées pour 3 extraits, sur différents types de cultures et différents ravageurs. Les premiers résultats sont très encourageants, avec notamment une absence d’effet néfaste pour les cultures et les auxiliaires, et une facilité d’utilisation. Cependant, la durée d’action de ces biopesticides doit encore être améliorée.
L'objectif final de ce projet est de sélectionner les extraits qui s’intégreront dans les stratégies de lutte biologique respectueuses de l'environnement.
Des initiatives originales de médiation lors de la fête de la science
Les actions de culture scientifique menées par les membres du projet ESSENTIEL en collaboration avec Centre-Sciences ont permis de favoriser les échanges concernant la recherche sur l’utilisation de biopesticides issus de plantes invasives contre les insectes ravageurs, en particulier dans le cadre du projet ESSENTIEL grâce à de nombreuses actions innovantes et complémentaires. Rencontres et conférences autour "Des plantes invasives pour lutter contre les insectes ravageurs de culture" au MOBE, ainsi qu'en association avec l'Abeille Olivetaine d'Olivet sur les travaux du laboratoire P2E "étude du mode d'action des pesticides sur l'abeille Apis mellifera", participations à la fête de la science en 2023 et 2024, articles dans la presse et les médias dont l'émission "un geste pour la planète" avec France bleu...
Fruit de ce travail spécifique pour expliquer le travail de la recherche, un livret BD de vulgarisation scientifique intitulé « Panique avec les neurotoxiques » conçu et illustré par Guillaume Monnain de la société Akenium – Graines de Sciences a ainsi été réalisé à destination d’un large public sur la thématique des neurotoxiques et des recherches conduites par les équipes associées dans le consortium. Diffusé en octobre dernier, vous pouvez le retrouver en téléchargement associé à cet article.