Un projet de vaccin nasal français contre la COVID-19 bloquant toute transmission du virus - une nouvelle étape franchie
Publié par Université de Tours, le 28 janvier 2022 820
Communiqué co-signé par l'université de Tours et l'INRAE
La mise au point du candidat vaccin protéique à administration nasale vient de franchir une nouvelle étape. Porté par l’équipe de recherche BioMAP de l’UMR INRAE - Université de Tours - Infectiologie et Santé Publique, ce projet soutenu par le ministère de l'Enseignement Supérieur de la Recherche et de l'Innovation, et accompagné par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes passe à la vitesse supérieure. Alors que de nouveaux résultats pré-cliniques, obtenus avec le variant Delta cet hiver, démontrent la robustesse du concept de ce vaccin bloquant toute contagiosité au SARS-CoV-2, la start-up française LoValTech, labellisée Deeptech par BPI France, vient d’être créée. Pour accélérer le développement du projet et consolider les annonces d’investissement, cette nouvelle société détient désormais une licence exclusive d’exploitation mondiale du brevet portant sur le vaccin, concédée par l’Université de Tours et INRAE. Elle a pour objectif de piloter le projet des phases de développement de la formulation vaccinale jusqu’aux essais chez l’homme qui aboutirait à une autorisation de mise sur le marché du vaccin fin 2023, début 2024. Au sein d’un écosystème de partenaires académiques, du monde hospitalier et de l’innovation, et sous réserve du respect d’un planning serré et d’investissements externes suffisants, ce projet peut contribuer à la sortie de crise pandémique.
Un concept de vaccin original et robuste, accompagné par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes
Les tests pré-cliniques menés en laboratoire avaient démontré l’efficacité du vaccin candidat après deux immunisations par voie nasale espacées de trois semaines, tant en termes de réponse immunitaire que de neutralisation précoce du virus original, diminuant considérablement le risque de contamination par un individu vacciné.[1] Les résultats de ce vaccin protéique sans adjuvant ont été confortés fin 2021 par de nouveaux essais pré-cliniques sur rongeurs validant son efficacité vis-à-vis du variant Delta. Le vaccin, constitué de la protéine Spike et de protéines virales non soumises à mutation, permettrait donc de protéger contre la souche de SARS-CoV2 circulant actuellement malgré les mutations multiples.
L’accompagnement de l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes[2] sur ce projet de candidat vaccin permettra de consolider la démarche de conception et de suivi de l’ensemble des phases à mener jusqu’à la mise sur le marché.
Des prochaines étapes décisives : levée de fonds, production de lots de vaccins et premiers essais sur l’homme
Fondée par Isabelle Dimier-Poisson, responsable de l’équipe de recherche BioMAP à l’origine du projet, de l’UMR ISP, et Patrick Barillot, ancien directeur du développement chez Recipharm, la start-up LoValTech (pour Loire Valley Technology) détient depuis sa création en janvier 2022 une licence exclusive d’exploitation du candidat vaccin, concédée conjointement par l'Université de Tours et INRAE. Mathieu Epardaud (chercheur INRAE) et Nicolas Aubrey (enseignant chercheur Université de Tours), membres de BioMAP, font également partie de l'aventure en tant qu'associés et seront consultants scientifiques pour la startup. Après une aide de 500 000€ reçue pour la phase de développement scientifique par l’ANR et la région Centre-Val-de-Loire, une enveloppe de 2,4 millions a été attribuée, dont 1,5 million provenant du ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation et 0,9 million d'euros par l'ANRS | Maladies infectieuses émergentes, à l’Université de Tours, afin de réaliser la production des protéines vaccinales en environnement GMP (Good Manufacturing Practice) indispensable aux essais chez l’homme. Dès le 1er trimestre 2022, l’enjeu sera de produire ce biomédicament par la société toulousaine GTP Bioways et de lancer au 2e trimestre la production des lots cliniques en vue des essais sur l’homme.
En parallèle, les systèmes spécifiques d’instillation – de conception inédite - de ce vaccin dans le nez, font l’objet d’échanges collaboratifs avec deux sociétés spécialisées, Resyca et Aptar Pharma.
Enfin, la réflexion sur la conception des essais cliniques et la rédaction du protocole de phase I seront initiées ces prochaines semaines avec le soutien et l'expertise de l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes, promoteur de ces futurs essais cliniques. Le Centre d'Investigation Clinique du CHRU de Tours (structure mixte CHU – Université – Inserm) s’est déjà engagé à mener ces essais cliniques avec d’autres investigateurs.
Non invasif et nécessitant une logistique simplifiée, ce système de vaccination permettra d'étendre plus largement ce dispositif vaccinal :
- aux pays pour lesquels le taux de couverture vaccinale est satisfaisant en tant que rappel vaccinal afin de renforcer la réponse immunitaire - notamment muqueuse - pour protéger la population vaccinée des formes symptomatiques de la maladie et surtout éviter la transmission du virus.
- aux pays dont les populations ne sont pas vaccinées en primo-intention.
[1] Ce vaccin a été testé in vivo en essais pré-cliniques sur modèle murin. Deux administrations par voie nasale, espacées de trois semaines, induisent une forte réponse immunitaire humorale - notamment des immunoglobulines A muqueuses, neutralisantes (IgA) et polyspécifiques, c’est-à-dire efficaces sur les différents variants de SARS-CoV-2 - et cellulaire, au niveau des cavités nasales et des poumons.
[2] Créée le 1er janvier 2021, l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes, agence autonome de l’Inserm, est issue de la fusion du consortium REACTing et de l’agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) sous l’impulsion conjointe de ses deux ministères de tutelle, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et le ministère des Solidarités et de la Santé.