[RécréaSciences] - De quoi sont composées les comètes ?
Publié par Centre•Sciences, le 20 mars 2025 24
UNE COMÈTE, QUESAKO ?
Au cours des siècles, la nature des comètes a longtemps interrogé les astronomes, notamment par les spectacles grandioses que certaines ont pu produire dans le ciel. La plus connue est la comète de Halley nommée ainsi car identifiée comme périodique par Edmund Halley en 1682 et retrouvée en 1759 en utilisant les travaux de Newton ; sur la tapisserie de Bayeux, elle est représentée lors de son passage identifié en 1066. Depuis, d’autres comètes ont marqué l’histoire : comète Kirch en 1680, comète De Chéseaux en 1744, la grande comète impériale de 1811, la comète Donati en 1858, la comète de Halley en 1910, la comète West en 1976 et la comète Hale-Bopp en 1997. Plus récemment, en 2020 la comète Neowise était également bien visible à l’œil nu.
En 1819, l'astronome français Francois Arago (qui sera directeur de l'Observatoire de Paris en 1843) mesure la polarisation de la lumière d'une comète, établissant ainsi qu'elle réfléchit la lumière du Soleil et n'est donc pas un objet lumineux par lui-même. Mais la découverte de leur vraie nature se fera tout au long de la première moitié du XXe siècle. En 1900, les progrès de la spectroscopie révèlent des ions et radicaux libres qui donneront lieu à l'hypothèse de présence d'eau, d'ammoniac et de méthane dès les années 30. Hypothèse confirmée en 1950 avec les premiers travaux de l’Américain Fred Whipple à qui on doit le surnom de « boule de neige sale » donné parfois aux comètes. Son modèle suggère que l’eau est gelée dans le noyau des comètes avec de la poussière. A l’approche du Soleil, la glace se sublime libérant les poussières et les molécules à l’arrière de la comète ; ces queues de poussières bien visibles à l’œil nu sont en fait multiples, l'une dans la trace du déplacement de la comète, l'autre constituée d'ions en opposition au Soleil et qui est attribuée à un vent solaire dès 1951. On imaginait même les comètes assez claires jusqu’aux premières observations spatiales par les sondes Véga et Giotto.
À l'Observatoire radioastronomie de Nançay, le "grand" radiotélescope a ainsi contribué dès 1973 à identifier l'émission spectrale du radical -OH dans la chevelure ionisée (détectable à 18 cm de longueur d'onde, c'est à dire dans le domaine radio des ondes électromagnétiques dont la lumière visible ne constitue qu'une petite fenêtre sur l'Univers). Aujourd'hui, la connaissance de ces astres est principalement approfondie par les sondes et missions spatiales : telle la comète Churyumov-Gerasimenko étudiée par la sonde Rosetta et son module Philae qui réussit en 2014 à se poser sur le noyau de la comète. Ces travaux scientifiques et l'étude des comètes révèlent qu'elles sont bien plus que des "boules de neige sales". Elles peuvent nous apporter des informations sur les origines du système solaire ...et même très récemment que les comètes issues des confins du notre système solaire auraient pu jouer un rôle clef dans l’émergence des océans sur Terre.

FAITES LE VOUS-MÊME
Une nouvelle comète visible dans le ciel d'octobre
Cette nouvelle comète C/2023 A3 a été baptisée « Tsuchinshan-Atlas » du nom des deux observatoires qui ont permis sa découverte en 2023. Une première découverte par le télescope Tsuchinsan de l’observatoire « The Purple Mountain Observatory » en Chine puis confirmé par le télescope du programme ATLAS « Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System » situé en Afrique du Sud. La comète était déjà bien visible fin septembre depuis l’hémisphère sud et devient visible à partir du 12 octobre le soir après le coucher du Soleil depuis l’hémisphère nord. Elle devrait atteindre une luminosité - la magnitude visuelle* - permettant de la repérer à l’œil nu.
Néanmoins, une bonne paire de jumelle vous permettra de mieux la repérer sur l'horizon ouest : choisissez un horizon bien dégagé et observez le ciel juste après le coucher du Soleil.

La brillance d’une comète est toujours difficile à prévoir mais la luminosité actuelle de la comète suit les prévisions données par l’IMCCE* à l’observatoire de Paris qui devrait permettre de la voir à l’œil nu.Elle suit une orbite non fermée avec des modèles lui donnant une périodicité de plus de 80 000 ans, ce qui laisse penser qu'elle provient du nuage de Oort, un supposé gigantesque assemblage de minuscules planètes et corps célestes, aux confins du système solaire.
La comète Tsuchinshan-Atlas devrait faire partie des grandes comètes visibles en ce début de 21e siècle. Mais la période d’observation sera très courte à partir du 12 octobre seulment pendant quelques jours. Par la suite, son observation continuera sur le mois d’octobre avec une diminution en luminosité.
Bonnes observations et n'hésitez pas à partager vos photos !
Références / pour en savoir plus
- Article sur l'hypothèse d'une origine cométaire aux océans terrestres - Article de l'Observatoire de Paris d'avril 2019
- Les comètes pour les nuls, blog de Jacques Crovisier (Labo LESIA de l'Observatoire de Paris Meudon)
- Revue Ciel et Espace "Comètes, les gardiennes de notre histoire cosmique", Hors-série n°49, été 2024 [extrait en ligne]
* La magnitude en astronomie est une valeur sans unité donnée à la brillance des astres. Elle a pour origine les observations d’Hipparque de Rhodes au 2e siècle avant J.-C. Ainsi, la magnitude 0 est donnée à l’étoile Véga, la magnitude négative de -27 au Soleil et l’étoile la plus faible visible à l’œil nu à +6.
** L'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE) est situé au sein de l'Observatoire de Paris-PSL. Retrouvez en ligne leur publication sur la comète en 2023.
Cliché d'illustration : La comète Neowise en 2020 dans le ciel de Semoy, cliché Olivier MORAND