En vieillissant, nous perdons des neurones
Publié par Centre•Sciences, le 6 décembre 2019 23k
Le mythe dit que nous commençons à perdre nos neurones à partir de l'âge de 20 ans ! Mais non, ce n'est pas à partir de 20 ans que l'on commence à perdre nos neurones ! C'est bien avant ! Dès la naissance !
Un nombre excédentaire de neurones et de synapses (connexions entre neurones) est produit au cour du développement cérébral. Un long travail de " sculpture " du cerveau a lieu ensuite pour équilibrer leur nombre, ajuster les connexions entre les neurones et entre les régions cérébrales.
L'élimination des neurones excédentaires est en grande partie terminée à la naissance mais l'élimination des synapses excédentaires s'opère jusqu'à la fin de la maturation du cerveau (vers 25-30 ans) ! Ce qui et important pour le cerveau n'est pas tant le nombre de neurones mais le fait que ceux-ci soient bien connectés. La perte de neurones et des synapses n'est pas un drame si les connexions entre les neurones " restants " demeurent efficaces ! Quand on apprend, les messages passent d'un même à l'autre. Plus les messages passent d'un même neurone à un autre, plus les connexions seront fortes entre ces neurones. Apprendre, c'est créer des connexions plus rapides entre les neurones.
Les tâches deviennent plus faciles et on est capable de les faire de mieux en mieux car le chemin est " défriché " : les informations passent plus rapidement d'un neurone à l'autre par ces voies de communication. C'est la plasticité cérébrale.
Notre cerveau a commencé à perdre des neurones bien avant notre naissance, mais il est encore capable d'en produire de nouveaux même chez les personnes adultes ! Et oui, récemment, plusieurs équipes de chercheurs ont découvert que dans une région particulière de notre cerveau, la production de nouveaux neurones ne s'arrête jamais. Cette région du cerveau, l'hippocampe, produirait 700 nouveaux neurones par jour. Ce phénomène est appelé neurogenèse. Cela dit, même si le cerveau humain adulte produit de nouveaux neurones, il n'en produit pas autant qu'il en perd. Mais comme vous l'avez compris, ce n'est pas le nombre de neurones qui compte mais la plasticité de votre cerveau.
Article de Céline Dubourg, enseignante chercheure à l'Université d'Orléans, laboratoire d'Immunologie et Neurogénétique Expérimentales et Moléculaires (INEM)
Publié dans le livre : Voyage au centre du cerveau avec le professeur Ciboulot, dans le cadre des 80 ans du Cnrs