Des revêtements antibactériens pour les cabines d’avion
Publié par Anne-Lise Thomann, le 13 mars 2025
Le projet PlasCide, mené depuis 2021 dans le cadre du programme ARD MATEX (Ambition Recherche et Développement Multi MATériaux en conditions EXtrêmes), a pour objectif de développer une solution de surface pour empêcher la prolifération des bactéries ou des virus. Il rassemble les laboratoires GREMI et ICMN, en partenariat avec le centre de Recherche et Technologie du groupe Safran et la société Safran Seats basée à Issoudun (36).
Spécialisée dans l'étude et la fabrication de sièges d’aéronefs pour l'industrie aéronautique et spatiale, l’entreprise Safran Seats a sollicité les laboratoires régionaux GREMI et ICMN pour mener le projet PlasCide. « Financé dans le cadre du programme ARD MATEX, ce projet vise à l’élaboration de revêtements antimicrobiens, susceptibles de tuer les bactéries et les virus des surfaces métalliques, plastiques et des tissus composant l’intérieur des cabines », explique Pierre Birnal, post-doctorant au laboratoire GREMI.
Pour ce faire, les chercheurs étudient la composition chimique et la morphologie de ces revêtements, donc leur rugosité, pour limiter la transmission par contact d’agents pathogènes et ainsi mieux protéger les voyageurs. « Les surfaces sont actuellement entretenues via l’utilisation de produits désinfectants. Des étapes de nettoyage chronophages et consommatrices d’eau, détaille Anne-Lise Thomann, responsable scientifique du projet. Or, si la surface possède déjà une activité antimicrobienne, conservée dans le temps, cela permettrait d’espacer ces phases de désinfection. »
L’élaboration de ces revêtements bactéricides et virucides s’effectue par l’utilisation de procédés de pulvérisation plasma. « La difficulté est de coupler une action à la fois sur les bactéries et sur les virus. Des micro-organismes avec des tailles très différentes. Il faut donc élaborer des stratégies différentes pour les détruire ou empêcher leur prolifération. Cela passe par le contrôle de la chimie et de la morphologie des revêtements », ajoute Anne-Lise Thomann. Afin de contrôler la morphologie, les chercheurs font appel à un traitement de surface par laser, susceptible de modifier la rugosité.
Et afin de limiter la quantité de tests réalisés, le recours à la simulation numérique s’avère ici tout à fait approprié. « L’utilisation de la simulation par le GREMI est originale. Ces calculs sont réalisés à partir des conditions d’expérience. Les résultats nous orientent vers les paramètres expérimentaux menant aux revêtements les plus performants », se félicite Anne-Lise Thomann. Une démarche couplée novatrice puisque les matériaux étudiés (alliage métallique de cuivre, d’aluminium, de zinc, du fer…) n’ont que peu fait l’objet d’étude, notamment par traitement laser.
Outre leur propriété antimicrobienne, ces revêtements, fortement manipulés, doivent résister à la corrosion, à l’abrasion et sont donc soumis à des conditions extrêmes. Le projet PlasCide, débuté en 2021, devrait prendre fin cette année. Mais les recherches pourront être poursuivies et permettre de décliner l’usage de ces revêtements à d’autres applications, telles que les transports en commun (bus, train, tramway…).
