Découvrir la microfinance

Publié par Mehdi Mahmoudi, le 13 mars 2020   970

La microfinance représente une alternative de financement, qui fournit des services financiers à des personnes généralement exclues des circuits bancaires traditionnels en raison de leurs revenus faibles, irréguliers et imprévisibles.

Le secteur de la microfinance s’est développé dans les pays en voie de développement et gagne du terrain en Europe et aux Etats-Unis. Elle s’inscrit dans une démarche envisageant un monde où les ménages à faibles revenus disposeraient d’un accès permanent à des services financiers abordables et de qualité pour financer des activités génératrices de revenu, accumuler des actifs par le biais de l’épargne, subvenir aux besoins de la famille et se protéger contre les risques de la vie courante.

Lors des dernières décennies le secteur de la microfinance, dans le monde, a connu une évolution importante, par le nombre d’emprunteurs (les clients), ainsi que le volume du portefeuille des crédits (l’ensemble des crédits accordés).

Selon les statistiques récentes publiées par la plateforme de réflexion « Convergences » dans son rapport « baromètre de la microfinance », celle-ci a enregistré en 2018 une croissance de 9.5% par rapport à 2017, soit 139.9 millions d’emprunteurs contre 98 millions en 2009, avec 80% des femmes et 65% des emprunteurs ruraux. Le portefeuille de crédit atteint 124.1 milliards de dollar en 2018 avec une croissance de 8,5% par rapport au 2017.

L’économiste Muhammad YUNUS est le premier à avoir développé le microcrédit après une propagation massive de la pauvreté et de la famine en 1974 au Bangladesh. Il créa la « Grameen Bank », « la banque des pauvres » en 1976.

Muhammad YUNUS écrit dans son livre « Pour Une Economie Plus Humaine – Construire le Social-Business » : « Quand je rencontre des emprunteurs de la Grameen Bank, je vois souvent arriver une mère et sa fille ou une mère et son fils. Alors que la mère est totalement analphabète. La fille ou le fils est médecin ou ingénieur. Une pensée me traverse toujours l’esprit : cette mère aurait-elle aussi pu être médecin ou ingénieur. Elle a les mêmes capacités que sa fille ou que son fils. La seule raison pour laquelle elle n’a pas pu développer son potentiel est que la société ne lui en a jamais donné la possibilité. Elle n’a même pas pu aller à l’école pour apprendre à lire et à écrire ».

À travers cette citation, il explique pourquoi cette alternative de financement a été créée. Elle se caractérise par des objectifs humains et sociaux, tels que les égalités des chances, la réduction des inégalités et de la pauvreté ou encore l’amélioration de la situation des femmes dans les milieux ruraux.

Dans ce contexte nous travaillons dans le laboratoire d’économie d’Orléans (LEO), et la faculté des Sciences économiques et de gestion de Nabeul sur la problématique suivante : quelles sont les effets de la microfinance sur le développement durable ?

Dans ce cadre nous constatons que dans la littérature actuelle, il existe un débat entre ceux qui croient au rôle de la microfinance dans l’ensemble de l’économie et ceux qui considère que la microfinance a seulement un impact microéconomique sur une catégorie sociale où une région localisée.

Récemment les chercheurs et les intervenants du secteur de la microfinance ont introduit la microfinance verte comme une liaison entre la microfinance et les principaux enjeux liés à l’environnement, à travers l’intégration au sein des activités de microfinance d’une dimension environnementale, soit par la prévention de risques majeurs auxquels sont exposés ses clients, soit par la promotion d’initiatives favorables à l’environnement.

La littérature et les expériences identifient trois types de champ d’activités dans la microfinance verte, premièrement l’intégration de l’impact écologique des clients et des institutions de microfinance (IMFs) dans la stratégie des IMFs et des acteurs de la microfinance. La deuxième se caractérise par la prise en compte des effets négatifs du changement climatiques sur les clients d’institutions de microfinance. Troisièmement la promotion des produits financiers verts auprès des clients ainsi que des services non financiers tel que des formations de sensibilisions. 

En cohérence avec la littérature existante notre idée principale est de montrer les effets de la microfinance sur le développement durable dans un sens large, à savoir leurs impacts sur l’économie, le social et l’environnement. Nous nous basons sur des données MIX Market pour la microfinance et de la banque Mondiale pour l’économie, le sociale et l’environnement. Afin de travailler sur des essais économétriques pour montrer la nature des effets de la microfinance sur le développement durable.

Par MAHMOUDI Mehdi, mehdi.mahmoudi@etu.univ-orleans.fr 

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