Comprendre le langage des enfants sourds équipés d’un implant cochléaire
L’implantation cochléaire permet à une grande majorité d’enfants sourds de développer un langage oral. Toutefois, certains de ces enfants n’entrent pas dans le langage alors que tous les facteurs favorables sont réunis (bon fonctionnement de l’implant, absence de pathologie, âge d’implantation précoce, temps d’exposition suffisant, environnement porteur, etc.). Pourtant, ces enfants entendent et perçoivent correctement les bruits. Se pose alors la question de la présence d’un trouble du langage associé à la surdité. Des arguments en faveur de cette possibilité se trouvent dans des études auprès d’enfants utilisant la langue des signes. Il a été découvert un trouble du langage chez certains enfants sourds en langue des signes. Or, les recherches sur le bilinguisme montrent que la présence d’un trouble du langage est exprimée dans les deux langues des enfants.
Notre projet est ainsi de chercher à déterminer si les difficultés langagières observées chez certains enfants sourds implantés sont causées par un trouble du langage indépendant de la surdité ou au contraire lié à cette surdité. Pour cela, nous allons observer deux groupes d’enfants sourds profonds implantés avant l’âge de 4 ans, âgés de 6 à 10 ans, l’un avec Langue des Signes Française (LSF), et l’autre sans LSF. Les résultats seront comparés à deux autres groupes d’enfants non sourds, l’un avec trouble spécifique du langage (TSL) et l’autre sans TSL. Tous ces enfants seront soumis à une série de tests cliniques et électro-physiologiques.
Ces comparaisons croisées devraient nous permettre de vérifier :
- d’une part, que les enfants implantés sans Trouble Spécifique du Langage (TSL) se comportent comme les enfants non sourds ;
- d’autre part, et surtout, que les enfants implantés avec TSL, qu’ils utilisent ou non la langue des signes, se comportent comme les enfants non sourds avec TSL. Si ce n’est pas le cas, d’autres causes doivent être recherchées (audition ou compréhension insuffisante, autisme, etc.). Sur le plan clinique, ces enfants pourraient alors faire l’objet d’une prise en charge beaucoup plus adaptée.
Origine du projet
Ce projet s’inscrit dans une question plus large sur l’identification des troubles du langage dans des contextes de développement atypique, que ce soit un contexte de pathologie (surdité, autisme) ou de bilinguisme. L’équipe de recherche en Psychiatrie neuro-fonctionnelle (INSERM U1253 Imaging and Brain (iBrain)) est, de par le croisement des thématiques et des spécialisations des chercheurs, un lieu tout à fait favorable au développement de ce type de recherche clinique transversale.
Objectif de la collecte : 3000€
A quoi servira l’argent collecté ?
Les enfants sourds implantés se trouvant partout en France, l’argent récolté sera utilisé, soit pour les faire venir à Tours, soit pour réaliser les enregistrements sur place dans leurs structures d’accueil.