Locaflore : Valorisation de la Flore Locale en Région Centre-Val de Loire
Publié par Emilie Destandau, le 3 janvier 2022 1.1k
La flore du Centre-Val de Loire est particulièrement remarquable composée de près de 1 600 espèces indigènes ou naturalisées, dont plus de 350 sont menacées. Cette grande richesse naturelle présente un intérêt pour des activités à caractère économique et commercial car c'est une source encore peu étudiée de molécules actives ou de précurseurs avancés de molécules biologiquement actives. Cependant, ce réservoir végétal reste fragile et une connaissance approfondie des sites naturels, des écosystèmes et des plantes est nécessaire afin de s'inscrire dans un contexte respectueux des règles de préservation de l'environnement. C'est pourquoi différents acteurs académiques ICOA UMR 7311, ISTO UMR 7327 et PRC UMR 7247 et partenaires industriels Botanicosm'Ethic, CBNBP, CDHRC, GreenPhama et Phytorestore se sont associés autour du projet Locaflore CVL.
L'objectif global de cet APR-IR soutenu par la région Centre Val de Loire et labellisé par le pôle DREAM est la mise en place d'une économie circulaire vertueuse avec des acteurs socio-économiques et académiques locaux. L'étude est basée sur 3 groupes de plantes représentatifs des problématiques actuelles telles que la gestion de la prolifération d'espèces exotiques envahissantes ou invasives avec la Jussie , la valorisation de plantes communes telles que l'Iris des marais et la Molinie, l'étude et la conservation de plantes rares et menacées (Arnica et Flûteau nageant).
Des plantes envahissantes à contrôler : Le potentiel de valorisation de la Jussie a été clairement établi. Une importante biomasse est disponible et sa récolte limiterait sa propagation et ainsi rétablirait un écosystème végétal en péril. Les extraits de fleurs et feuilles contiennent une forte quantité de composés phénoliques, flavonoïdes et tanins et présentent une forte activité anti-oxydante qui protégerait les cellules face aux radicaux libres. L’incorporation de la Jussie dans l'alimentation animale a en effet permis de limiter l’engraissement et d’avoir au niveau sanguin une capacité anti-oxydante accrue. Une exposition de 15 jours s’est avérée suffisante pour observer ces effets bénéfiques sur la santé de l’animal. Ces extraits pourraient ainsi trouver de l’intérêt dans plusieurs secteurs industriels tels que la cosmétique, les compléments alimentaires, ou la nutrition animale.
Des plantes rares à préserver : L’Arnica des montagnes et le Flûteau nageant, espèces rares et protégées, ont été mis en culture au CDHRC après avoir été prélevés au sein d’écosystèmes locaux. Les travaux menés ont permis de montrer que ces deux cultures peuvent être maitrisées et multipliées, ce qui est un caractère intéressant pour de telles espèces. Les plantes cultivées ont ensuite été ré-introduites dans leur milieu d’origine afin de favoriser leur préservation.
Des plantes communes à valoriser : L'iris de marais est une plante hélophyte, qui possède des fleurs jaunes particulièrement esthétique pour l'ornement de bassins. C’est aussi une plante qui a des propriétés épuratrices par sa rhizosphère. La société Phytorestore partenaire du projet a donc réalisé un pilote type jardin filtrant® (technique de filtres plantés) pour mesurer le pouvoir épuratoire de l’iris seul sur de l’eau polluée dont les caractéristiques sont identiques à des eaux usées ou des eaux industrielles avec des polluants organiques, azotées et phosphorées. L’étude réalisée sur une saison (été) a montré des résultats très intéressants notamment sur ces 3 paramètres. En effet, le rendement moyen sur les 3 mois est de 50 % pour les matières organiques (DCO), 45% pour l’azote (ammonium) et 30 % pour le phosphore (phosphate).
La molinie très répandue notamment à la tourbière de la Guette, présente une composition chimique et des activités biologiquement intéressantes. Sa composition moléculaire évolue au fur et à mesure de sa dégradation en litière avec une importante diminution de la teneur en composés phénoliques. Les extraits de molinie ont également montré des activités d’arrêt de la prolifération cellulaire qui pourraient trouver de l’intérêt pour des applications thérapeutiques
Conclusion
Ce projet a permis une interaction fructueuse entre le milieu académique, les associations de protection de l’environnement et le secteur industriel. Ces trois volets ont permis de mener à bien ce projet dans un respect total de l’environnement. Des protocoles de mise en culture ont pu être développés et éprouvés pour la préservation de deux plantes rares et des voies de valorisation ont été ouvertes pour des plantes envahissantes et communes qui représentent une biomasse importante. Locaflore CVL est un premier projet réunissant une grande diversité d’acteurs (universités, associations, industriels) permettant d’ouvrir à une vision globale et circulaire de la valorisation des plantes locales et de montrer de manière concrète l’intérêt de la recherche pour le service de la biodiversité.
Pour en savoir plus n'hésitez pas à regarder les 3 vidéos du projet
Les objectifs du projet Locaflore https://vimeo.com/528348388/8a...
Etudes Phytochimiques et valorisations économiques https://vimeo.com/529349824/cc...
Valorisation Socio-économique de la Jussie et de l'Iris https://vimeo.com/529436876/26...